Rétrospective de notre voyage à l’école de La Hatte
du 2 au 11 décembre 2015
Paris -> Port au Prince
Départ d’Orly Ouest prévu à 11H55. Philippe et Nicole nous accompagnent jusqu’à Orly, nombreux embouteillages mais pas de stress car nous avions pris de la marge ! On enregistre les bagages sans problème, on va se prendre un petit déjeuner rapide chez P…. et on se dirige doucement vers la salle d’embarcation. Après nous être quasiment déshabillés pour le contrôle sécurité, Isabelle se voit confisquer ses deux tubes de lait concentré (oubli !). Avion retardé… on décollera vers 12h30. Déjeuner servi peu de temps après avec un petit planteur pour se mettre dans le bain. Lecture, musique et films et on atterri à Pointe à Pitre (Guadeloupe) à 16h30 (+5h) et vu notre retard, on saute direct dans l’autre avion et 2 heures de vol plus tard, on atterri à Port au Prince à 18h (+6H).
Contrôle des passeports, taxe de séjour de 10€, récupération des bagages et nous sortons seuls de l’aérogare dans le noir quand soudain « Bonsoir Monsieur Patrick ! » Le Pasteur Pierre et là avec son cousin Joubert et une autre personne. On charge les bagages dans la benne du Pick up 4×4 de Joubert. Une personne reste dans la benne pour les surveiller alors que nous roulons vers la maison d’une cousine du Pasteur qui nous héberge pour la nuit. On discute, on mange et on boit un peu, il fait chaud et on est fatigué (nous sommes levés depuis près de 20 heures). Deux chambres ont été mises à notre disposition, il n’y a pas d’air malgré les fenêtres sans fenêtres, il y a des moustiques malgré les moustiquaires, les chiens aboient et les coqs chantent toute la nuit ! Bref une bonne nuit de repos, une petite « douche » à l’eau froide du bidon, un petit déjeuner haïtien (un repas pour nous mais c’est habituel pour eux) et hop on part vers 9h30 en direction de Saint Louis du Sud. Embouteillages (blocus en créole) monstrueux et les filles de répéter : « non, ce n’est pas possible ! Ce n’est pas possible ! Je n’ai jamais vu ça même en Afrique ! Incroyable ! etc. » Des milliers de personnes sont sur le bord de la route et vendent de tout au milieu des immondices, des tas de bouteilles plastique vides, des maisons en ciment non terminées, des bidonvilles « fermés ». Moins impressionnant qu’en février 2012 car on ne voit plus de tentes mais ça reste comme l’appelle Pasteur Pierre la « Capisâle », une ville tumultueuse et sâle.
Jeudi 3 décembre, Saint Louis du Sud – La Hatte
Nous arrivons vers 13h30 chez le Pasteur, la route s’est bien passée mises à part quelques frayeurs pour celles qui n’ont pas l’habitude des routes et de la conduite haïtienne. Oh surprise, la maison du pasteur a été agrandie en hauteur avec création de deux nouvelles chambres plus une salle de douche et wc avec eau courante ! La chambre de Monsieur Patrick est en cours de finition, le ciment est frais. Après un premier repas typique haïtien (et il y aura plein d’autres découvertes culinaires !)Pasteur Pierre repart tout de suite à l’école pour célébrer une messe, Patrick l’accompagne sur la moto, les filles font connaissance et se reposent en jouant avec le jeux qu’elles ont ramené. Bientôt tout le quartier jouera avec ce jeux ! La nuit tombe rapidement, une faible ampoule (110V) basse consommation pompe le peu de courant accumulé par le panneau solaire dans deux batteries de 12V branchées en série et éclaire le salon.
Vendredi 4 décembre, premier jour à l’école
Elles n’y avaient pas cru mais l’ont vécu ! Et oui, pour aller à l’école il faut enfourcher la moto du pasteur Pierre, petite partie de rigolade et beau bleu en souvenir pour Monique ! Présentations aux professeurs et premiers moments avec les enfants, ils touchent, prennent la main, regardent la peau, les veines, les grains de beauté, les cheveux, tirent les poils des bras et oui, le blanc (l’étranger en créole) est rare ici, que des sourires et des rires.
Visite des divers bâtiments, les salles de classes avec des chants d’accueil puis les dortoirs dont certains se transforment en plusieurs salles de classe le jour, la cuisine et ses feux de bois à même le sol, la cantine (salle de classe aussi), sans oublier la bibliothèque qui fait la fierté et la renommée de l’école.
Grâce à l’aide apportée par l’Association Côte de Nuits avec les habits, les chaussures, les matériels scolaires (y compris les tables et les chaises déclassées données par la Mairie de Neuville), le matériel sportif (avec les ballons, les maillots et les shorts floqués et les basquets), les ordinateurs et tous les livres de la bibliothèque, de nouveaux élèves non scolarisés auparavant sont venus s’inscrire cette année portant le nombre à 205 élèves de 3 à 17 ans dont 58 résident en permanence à l’école. Les enfants résidants sont orphelins, pauvres ou en situation « difficile » (on ne pourra en savoir plus, ils ne se plaignent jamais).
Présentation par Monsieur Vanel de la vache, des deux génisses (gazelles en créole) et du taureau. Pour faire suite à la mort accidentelle de la plus belle des deux vaches, une nouvelle vache sera en principe achetée samedi et le taureau sera tué et mangé lors de la grande fête de mardi prochain en notre honneur.
10h : Deux équipes de foot s’affrontent en demi finale, les supporters sont nombreux, surtout les filles ! la finale sera pour la grande fête de mardi.
L’école se termine à 11h le vendredi, les enfants ne sont pas pressés de partir et restent avec nous. Les enfants résidants dans l’école vont se changer, ranger leur uniforme et remettre leurs « habits ». Nous, nous rentrons toujours sur la moto et Pasteur Pierre fait des allers et retours. Les enfants d’abord (comptez les jambes ! Pourquoi un monospace avec des sièges escamotables ? ) puis Isabelle et Monique et enfin Patrick. « Baby », l’épouse de Pierre avait préparé toute la matinée un super repas que beaucoup auraient apprécié ! Après-midi cool et petite ballade sur la route caillouteuse avec Oliette (une jeune fille hébergée par le pasteur).
Samedi 5 décembre
Nous devions avoir rendez-vous avec le député Gandhy Dorfeuille, fraichement réélu, mais un empêchement de dernière minute à Port au Prince et le rendez-vous est reporté au dimanche à 11h. Alors Pierre nous propose de faire du tourisme. Joubert, le cousin notre chauffeur, Pierre et deux de ses enfants (Béotie 7 ans et Chelef 3 ans 1/2) nous accompagnent. Nous nous rendons tout d’abord au fort des Oliviers avec à quelques encablures le fort des anglais, vestiges historiques datant du roi soleil d’où le nom de la ville de Saint Louis du Sud. Nous roulons ensuite en direction de la ville des Cayes avec un arrêt à Cavaillon au marché aux bestiaux. Les prix étaient trop élevés et Vanel accompagné de Lucsone, responsable de l’école et du papa de Baby ont décidé de revenir un autre jour après les fêtes de fin d’année. Nous continuons notre route pour Gelé, une plage splendide de la ville des Cayes où nous dégustons lambis et « homard » grillés. Joubert nous propose de continuer vers la ville « balnéaire » de Port Salut. Super grande plage qui doit être un peu bondée le week-end par la jet set haïtienne.
Blerc Fortuné, notre filleul, nous rend visite
A peine de retour de notre escapade, Blerc vient faire notre connaissance (et réciproquement). Il est venu tout spécialement de Port au Prince pour nous voir. Très intimidé et tellement reconnaissant de ce que nous faisons pour lui ! Il est orphelin et à port au Prince, il est hébergé par sa tante. Il est content de son choix d’études . Pour mémoire, il a intégré l’INUTECH (Institut Universitaire et Technologique d’Haïti) en section « Génie Civil ». Il nous a apporté tous les documents d’admission et les frais qui vont avec. Tout gêné de nous dire qu’une partie de la somme que nous lui avions transférée via Monsieur Pierre a été utilisée pour l’achat de matériels techniques notamment pour l’établissement de plans (équerres, règles etc.). Le lendemain, je lui donne 150€ pour payer la scolarité de décembre à février (3000 gourdes de frais mensuels) et lui demande de faire un suivi régulier des frais engagés.
Dimanche 6 décembre
Levés 5h car Pasteur Pierre célèbre la messe à 6h. En plus c’est son anniversaire, il fête ses 40 ans et il y aura certainement une surprise pour la messe. Joubert nous prête sa voiture pour rejoindre l’école et l’église. Messe au cours de laquelle les chanteurs entonnent le « Joyeux anniversaire » en français et en créole (désolé pour la qualité de l’image !). Pasteur Pierre prend sous son bras un jeune résident qui lui aussi a son anniversaire le même jour, il passera la journée chez le Pasteur.
Rendez-vous avec le député
A peine la messe terminée, nous filons rapidement à l’autre bout de Saint Louis du Sud chez le député Gandhy Dorfeuille fraichement réélu mais pas encore intronisé. Il vise son troisième mandat dans 4 ans et est vivement intéressé par notre projet hôtelier écolo et antisismique. Il a fait ses études en France (Sciences Po) alors qu’il était en exil. Député c’est être un super Maire doublé d’un Député. Nous nous installons pour présenter le projet sous le grand arbre de la cour de l’école. Il nous fait visiter la presqu’île Morisseau qui est vraiment super belle (voir petit film photos). D’après lui il n’y aurait pas de problème pour se procurer du bambou pour la construction. Il nous fait aussi visiter un autre site (le point B) mais en bordure de route et terrain en pente raide vers la mer d’où une construction sur pilotis obligatoire avec accès aux plages de la presqu’île par la côte ou par le biais des bateaux de pêcheur… Nous emmène aussi voir l’Hôtel « Jardins sur Mer » (point C), en haut d’un promontoire, l’hôtel est beau et le directeur sympa. C’était une première visite pour tâter le terrain et étudier la faisabilité mais tout reste à faire, des négociations au financement et à la réalisation. L’association ASTER (Architectes Sans Territoire) sera à nos côtés si nous décidons d’aller plus loin, les investisseurs sont bien venus !
Dianette
Surprise ! notre filleule Dianette, notre petite infirmière vient nous rendre aussi visite. Elle est radieuse, belle et rayonnante de joie et de reconnaissance, nous passerons le reste de l’après midi avec elle puis chez elle où sa mère ne sait comment nous remercier pour ce que nous avons fait pour sa fille, j’ai aussi son père au téléphone. Il fait nuit mais il n’est pas tard, nous marchons longuement sur la route qui même à l’église catholique où sa mère s’est rendue. Elle tient la main de son « père adoptif » comme elle aime m’appeler. Nous nous quittons tristes car la remise des diplômes ou graduation a été reportée au 19 décembre et nous serons repartis. Une spécialisation serait un moyen pour elle de trouver un travail plus intéressant et plus facilement, je pense que c’est ce qu’elle a en tête mais, discrète, elle ne nous en dira pas plus.
Lundi 7 décembre, « Peu importe » et mise à mort du taureau
7h30, lever du drapeau, hymne national « La Dessalinienne », les retardataires attendent à l’extérieur pour « contrôle propreté », les petits chantent dehors comme tous les matins avant de rentrer dans leur classe. Isabelle et Monique ne tardent pas à intégrer le groupe, la tentation est trop forte !
« Peu Importe »
Avec Oliette, depuis 2 ou 3 jours nous répétions chez Pierre « Peu importe », une chanson sur les enfants du monde et sur la différence, écrite par la cousine de Monique. Oliette est géniale, elle chantera et animera avec brio le tout premier enregistrement de cette chanson avec tous les enfants de l’école, le son n’est pas toujours terrible et le soleil nous empêchera de nous mettre dans un cadre idéal. Le résultat est tout de même super ! Mais vous aurez la version définitive et complète après montage par la cousine de Monique.
Mise à mort du taureau
En notre honneur le jeune taureau a été tué par un des élèves car plus habile que Vanel qui n’avait pas le cœur de le faire de toute façon. Nous avons détourné les yeux mais dans le fond de nous, nous savions qu’il le fallait car tous les enfants mangeront, pour la première fois grace aux vaches offertes par Côte de Nuits, de la viande demain et les jours suivants pour les résidents. Rien ne sera perdu !
Nous mangerons le soir même des boulettes de viande et des bananes frittes, un vrai régal
Mardi 8 décembre, c’est la fête !
Difficile de raconter cette journée : cuisine, discours, défilés de mode, chants, petite pièce humoristique, finale de foot, discours… Cliquez sur la photo de la cantine pour un résumé vidéo (un peu long pour les discours…) et sur le portait pour découvrir un tas d’autres photos !
Mercredi 9 décembre, les adieux…
Et oui, tout a une fin, dernière photo de famille, il manque Oliette mais elle arrivera in extremis pour nous serrer dans ses bras ! Les enfants sont partis à l’école…
Joubert nous attend, nous chargeons les bagages dans la benne du pick up, une cousine de Dianette (infirmière spécialisée) et une autre personne montent dans la benne aussi et nous sommes partis. Arrivée sur Port au Prince (voir les images en cliquant sur la photo), hébergement chez la même cousine qu’à l’aller. Nuit chaude, pas d’air, pas d’électricité et toujours des moustiques. Le lendemain matin, Joubert vient nous chercher pour nous emmener à l’aéroport, heureusement j’avais prévu large car les « blocus » sont très importants… Embarquement sans problème, stop over à Pointe à Pitre en Guadeloupe et retour vers la France où nous atterrirons vers 07h15 le vendredi 11, un peu déphasés mais heureux de ce séjour duquel on revient toujours un peu beaucoup changé !
Chirurgien
Nous devions rencontrer un chirurgien de Port au Prince qui reçoit tous nos envois médicaux. Il voulait nous remercier en personne mais malheureusement, ce n’a pas été possible. Il soigne, opère… gratuitement toute la communauté de La Hatte grâce à nous, grâce à vous les infirmières, les médecins et le personnel hospitalier qui nous fournissez tout ce matériel.